Septiembre 10 2024
Fernando Rodríguez Santocildes : « Nous devons augmenter les ressources pour le suivi et la protection des victimes de violence »
Le président de la sous-commission sur la violence à l'égard des femmes du Conseil, Fernando Rodríguez Santocildes, demande que les ressources soient augmentées pour éviter que les femmes qui bénéficient du système de protection VioGén ne continuent d'être assassinées. Et cela souligne également l’importance du signalement, tant par les victimes que par les témoins, pour activer les ressources de protection. Tout cela fera débat à la XIIe Conférence sur la violence de genre qui aura lieu les 26 et 27 septembre à Tolède.
Qu'est-ce qui continue à échouer dans le système si, malgré les plaintes précédentes et le système VioGén, des femmes continuent de mourir ?
Il existe encore de nombreux obstacles, qu'ils soient sociaux, familiaux ou économiques, qui rendent la déclaration difficile ou retardée. Dans certains cas, les victimes ne signalent la situation que lorsque la situation est intenable. Il est donc essentiel que les femmes signalent leur situation le plus tôt possible, car cela active le processus judiciaire et les ressources de protection. Il est également essentiel que la société comprenne sa responsabilité de signaler tout signe de violence, qu'elle soit constatée par des voisins, des membres de la famille ou des témoins.
Même si 35 % des victimes en 2022 l’avaient déjà signalé, le système doit s’améliorer. Lorsqu'une plainte est déposée, une évaluation des risques est effectuée et, sur cette base, les juges adoptent des mesures de protection. Différents niveaux de surveillance et de protection sont attribués à chaque niveau de risque, mais parfois ces mesures ne suffisent pas.
Nous devons augmenter les ressources consacrées au suivi et à la protection des victimes, ainsi que développer des systèmes de détection précoce qui fournissent des réponses plus immédiates et plus efficaces. Et il ne faut pas oublier l’importance d’éduquer les enfants et les adolescents à l’égalité et contre la violence de genre, puisque cette violence est le reflet le plus extrême de l’inégalité entre hommes et femmes.
Dans de nombreux cas, il est difficile de présenter des preuves bénéficiant d’une garantie juridique suffisante. Comment soutenir ces victimes ?
La profession juridique joue un rôle clé dans ce domaine. Il est vrai que de nombreux crimes de violence de genre se produisent dans des contextes privés, sans témoins, ce qui complique la présentation des preuves. Souvent, la déclaration de la victime est la seule preuve disponible, même s'il existe également des preuves numériques telles que des messages sur les réseaux sociaux, des e-mails ou WhatsApp.
Les avocats sont spécifiquement formés pour rassembler et présenter des preuves appropriées lors des procédures judiciaires, et savent comment invoquer la déclaration de la victime comme preuve suffisante pour contrer la présomption d'innocence de l'accusé lorsque cela est nécessaire.
20 ans se sont écoulés depuis la loi organique contre les violences de genre. Quel bilan peut-on faire de cette loi ?
C’est une avancée décisive dans la lutte contre les violences sexistes. Il s'agit d'une approche globale, transversale et multidisciplinaire, reconnue au niveau international, tant en Europe que par les Nations Unies, qui le citent comme exemple de bonne pratique législative. Ce fut un tournant pour briser l’impunité de la violence de genre et susciter une plus grande prise de conscience sociale du grave problème qu’elle représente.
Sa mise en œuvre a permis d'identifier certaines lacunes qui ont été corrigées au fil du temps. La Convention d'Istanbul, ratifiée par l'Espagne en 2014, et la loi organique 10/2022 sur la garantie complète de la liberté sexuelle, ainsi que le Pacte d'État contre la violence de genre, ont complété et actualisé le cadre juridique. Même si le bilan global est positif, on ne peut parler de pleine satisfaction dans une société où, depuis 2003, 1.278 2024 femmes ont été assassinées par leur conjoint ou ex-conjoint. Jusqu'à présent, en 34, nous avons déjà dénombré 24 victimes, dont XNUMX enfants orphelins. La lutte contre la violence reste un défi actuel.
Quel a été le rôle de la profession juridique dans la défense des victimes au cours de ces années ?
La profession juridique a joué un rôle fondamental dans la protection des victimes de violence de genre, non seulement depuis la loi organique, mais même avant, lorsque l'Ordonnance pour la protection des victimes de violence domestique a été approuvée en 2003. Depuis lors, des services d'assistance et de conseil ont été créés dans les barreaux espagnols, dont beaucoup sont promus par des associations de femmes juristes.
Avec la loi organique, la formation continue et spécialisée des avocats qui conseillent les victimes a été consolidée, ce qui a été renforcé avec la loi organique 10/2022, axée sur la liberté sexuelle. Il est important de reconnaître le travail de ces professionnels qui, malgré la grande qualité de leur travail, reçoivent une rémunération minime, comme l'ensemble de la profession juridique, une situation à laquelle il faut remédier de toute urgence.
Pourquoi une loi spécifique contre la traite et une spécialisation sont-elles nécessaires pour traiter ces cas ?
La traite et l’exploitation des êtres humains sont une réalité qui passe souvent inaperçue, mais qui est bien plus présente qu’on l’imagine habituellement. Le gouvernement travaille sur une future loi organique globale contre la traite et l’exploitation des êtres humains, ce qui est essentiel. Ce projet aborde non seulement l'aspect punitif, mais garantit également une protection et une assistance spécialisée aux victimes, adaptées à leur profil et à la forme d'exploitation subie.
Jusqu'à présent, notre Code pénal envisage le délit de traite, mais pas d'exploitation, ce qui sera corrigé dans la nouvelle loi avec l'inclusion d'un article qui élargira les types d'exploitation sanctionnés. En outre, une assistance juridique gratuite est fournie aux victimes, ce qui nécessitera la création d'équipes spécialisées au sein des barreaux pour garantir le meilleur service possible.